Notre merveilleux système social

Frédéric Bastiat disait que l’État est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. Mon expérience personnelle tend à montrer que les choses ont sensiblement évolué depuis le XIXème siècle, et pas dans le bon sens…

  

A 50 ans, j’ai perdu mon poste de Directeur Commercial fin 2015. Jusque-là, rien d’exceptionnel me direz-vous, des milliers de gens sont confrontés à la même situation tous les jours. C’est vrai, mais ceci à ce détail près que ces milliers de gens ne sont pas des expatriés qui ont vécu hors du système français pendant quelques années…

  

Me voici donc fin 2015, débarquant à Roissy avec ma femme, nos trois enfants et nos deux chats. Saleté, gens impolis, discourtois et qui font la gueule, serveurs désagréables et une bagarre taxi/VTC, pas de doute, nous sommes arrivés en France, quel choc !

  

Nous avons une solution d’hébergement temporaire et quelques milliers de dollars en poche (j’ai oublié de préciser que nous arrivons des USA, d’où le choc), mais pas de logement, pas de job, pas de voiture et par la force des choses, pas de droits à une assurance chômage…

  

À contre cœur, j’ai donc dû me résoudre à prendre la pilule bleue, à retourner dans cette matrice que j’avais réussi à fuir pendant ces quelques années salvatrices.

  

Si l’on passe outre les 9 000 euros environ que la CPAM me demandait pour assurer ma famille et les quelques réflexions de fonctionnaires sous-entendant que j’étais juste un profiteur (réflexions par ailleurs significativement amplifiées par un antiaméricanisme primaire), le retour dans le système s’est fait plutôt facilement et j’ai pu bénéficier relativement rapidement de toute la panoplie des aides disponibles (RSA, CMU, APL, AF, logement HLM…).

 

Mais comme avec n’importe quel dealer, il est beaucoup plus facile d’entrer dans la nasse de l’État providence que d’en sortir. Une fois pris dans l’assistanat (une drogue dure !), sous la coupe d’un État qui prétend connaître mes besoins mieux que moi et qui veut m’imposer ses choix en me contrôlant par l’argent, cela relève du défi.

 
Ne trouvant pas de poste équivalent à celui que j’avais, mais ne pouvant pas non plus accepter de vivre à l’encontre de mes principes (c’est-à-dire sur le dos des autres), j’ai voulu rapidement chercher un job « alimentaire », même au SMIC dont le montant net correspond à peu près aux allocations que je perçois (hors APL).
 

Mais ce système, pondu par des technocrates déconnectés de la réalité parce qu’ils ont le privilège de ne jamais pouvoir être confronté à un accident de vie professionnelle, fait que toutes ces allocations sont basées sur les revenus de N-2, et c’est bien là l’un de ses côtés pernicieux.

 

En effet, en tant que bénéficiaire du RSA, mes revenus passés sont pour l’instant « neutralisés » et ma famille perçoit environ 1700 euros d’allocations diverses et variées, dont 460 euros d’APL.

 

Mais si je commençais à travailler pour un petit salaire, je sortirais immédiatement du système RSA et perdrai de facto le bénéfice de cette neutralisation. Or puisque mes revenus annuels aux USA s’élevaient à une centaine de milliers de dollars, donc largement au-dessus des plafonds donnant droit à des aides publiques, je perdrais aussi l’intégralité des allocations, y compris les APL.

 

Résultat, travailler au SMIC (soit 1150 euros net par mois) me ferait perdre presque 500 euros de revenus mensuels (un peu moins au bout de quelques mois avec la prime d’activité) et un job payé environ 2500 euros brut (en intégrant la perte de la CMU et d’autres avantages) permettrait juste de maintenir mon niveau de vie actuel.

 
Un tel job étant visiblement difficile à trouver pour moi compte tenu de mon âge et de mon profil (que les chasseurs de tête français qualifient « d’atypique »), mon conseiller CAF, qui est pourtant une vraie perte pour le secteur productif tant il est pro et efficace, n’a pas trouvé autre chose à me dire que je n’avais plus qu’à « me la couler douce » jusqu’en 2018…
 

Par contre, puisque j’ai passé l’année 2016 au RSA, si je retrouve en 2018 un poste au même niveau de salaire que celui que j’avais avant (voire même plus), je toucherai toutes les allocations à plein taux, allez comprendre…

 

En conclusion, dans mon cas et ce pendant deux années, l’État est bel et bien devenu une réalité m’obligeant à vivre aux dépens de tout le monde…

 

Renaud G.P (Témoignage d’un militant)

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