Chili : un libertarien aux élections présidentielles.

Chili : un libertarien aux élections présidentielles.
Chili : un libertarien aux élections présidentielles.

Le 16 novembre, les citoyens chiliens seront appellés aux urnes. Découvrez dans cet article pourquoi les libertariens devraient s’intéresser à cette élection, ce qu’il faut savoir et à quoi s’attendre.

Contexte de cette chronique.

Je m’appelle Jorge Yanez, citoyen chilien vivant en France. J’ai participé (certes, pas autant que je le voudrais) aux mouvements libertariens en France et au Chili. Cet article vise à contextualiser et, je l’espère, à éclairer un peu les prochaines élections chiliennes auprès des personnes qui vont me lire.

Cette élection est passionnante pour nous, si l’on considère ce qui s’est déjà passé en Argentine avec le tout premier président libertarien, Javier Milei. Il existe désormais un parti libertarien autoproclamé, qui se présente ouvertement aux élections et est même compétitif. Il s’agit d’un changement culturel majeur par rapport à ce qui se passait auparavant, où le simple terme « libertarien » était rejeté, ridiculisé, ou pire, ignoré.

Introduction.

Les élections présidentielles chiliennes pour la période 2026-2030 auront lieu le dimanche 16 novembre 2025. En en entendant parler aux informations, on pourrait croire qu’il s’agit d’une élection ordinaire dans un pays d’Amérique du Sud. Pourtant, pour les libertariens, cette élection est la preuve que nos idées sont désormais reprises par des personnalités politiques. De plus, à l’instar du premier président libertarien au monde, Javier Milei en Argentine, il existe désormais au Chili un parti politique qui se qualifie lui-même de libertarien, avec un candidat qui propose ce que nous, les libertariens, aimons entendre : un État plus restreint et limité, moins d’impôts, moins de réglementation, plus de liberté.

Le Chili a un système présidentiel avec un Congrès bicaméral. Il a souvent été classé comme un pays doté d’un exécutif fort, comparé à d’autres systèmes présidentiels. Lors des prochaines élections, les Chiliens choisiront le chef de l’exécutif qui dirigera cette nation sud-américaine. L’élection se déroule selon un système de scrutin majoritaire, où les deux candidats arrivés en tête du premier tour s’affronteront au second tour, le 14 décembre 2025. Autrement dit, le candidat ayant obtenu le plus de voix au premier tour ne remporte pas automatiquement la présidence, sauf s’il obtient plus de 50 % des voix.

Lors de ces élections de 2025, certains sièges du Congrès seront également soumis au suffrage universel. Il s’agit des 155 sièges de la Chambre basse et de 23 sièges (sur 50) du Sénat. Cette élection présente une nouveauté : chaque Chilien sera automatiquement inscrit sur les listes électorales et le vote sera obligatoire. Cependant, au 3 septembre 2025, des doutes et des discussions subsistent quant au montant de l’amende encourue en cas d’abstention. Il est également possible qu’aucune sanction ne soit prévue pour l’abstention.

Les enjeux.

L’administration actuelle, dirigée par le communiste Gabriel Boric, quittera le pays après quatre années de faible croissance économique, de hausse des inégalités, de niveaux records de criminalité, de niveaux d’immigration clandestine sans précédent et de préoccupations croissantes en matière de santé et d’éducation. Dans un pays qui, il y a environ six ans, envisageait de modifier sa constitution, les préoccupations du peuple se concentrent désormais sur trois enjeux principaux : la sécurité vient en premier, l’immigration en deuxième et l’économie en troisième.

Question ouverte : Qu’est-ce qui, selon vous, est le plus urgent ?

Source : Criteria 4ta Medicio Agosto 2025. Lien

La prochaine administration devra s’attaquer à ces trois problèmes. Ces enjeux sont indéniablement liés et doivent être abordés de manière globale. On ne peut résoudre le problème de l’insécurité sans d’abord mettre un terme à l’immigration illégale massive. En matière d’immigration, qui préoccupe les Chiliens plus que l’économie, la poursuite de l’exode des vénézuéliens – qui fuient le gouvernement de gauche de Nicolás Maduro – n’arrange rien.

L’économie peut être directement liée à un débat idéologique plus vaste mené par un pays voisin : la taille, la portée et le rôle de l’État. De l’autre côté des Andes, Javier Milei obtient des résultats incroyables en matière d’économie et de sécurité. L’UNICEF a d’ailleurs reconnu que grâce à ses politiques, des millions d’enfants argentins ont échappé à la pauvreté. Par ailleurs, l’Argentine devrait connaître une croissance de 5,5 % en 2025. De plus, l’inflation devrait continuer de baisser même si elle reste encore à un niveau très élevé.

Pour la première fois au Chili, au moins depuis le retour de la démocratie en 1990, la plupart des candidats discutent ouvertement de la réduction de la bureaucratie, de la réglementation, des impôts, des ministères et du nombre d’employés du secteur public. L’un des principaux objectifs est d’annuler les 100 000 nouveaux recrutements effectués par l’administration Boric au cours des quatre dernières années. Il est loin le temps où le principal sujet de débat portait sur la question de savoir si le pays allait mettre fin à son modèle « néolibéral ».

Les idées libérales sont désormais presque courantes, même si beaucoup de monde ignore qu’elles sont d’inspiration libertarienne. Bien sûr, tous les candidats ne s’accordent pas sûr jusqu’à quel point ces idées devraient être mises en œuvre.

Qui est qui ? : Brève explication des candidats.

Huit candidats se présentent à l’élection présidentielle pour prendre la tête du pays au cours des quatre prochaines années.

Source : La Tercera. De gauche à droite : Eduardo Artes, Jeannette Jara, Marco Enríquez-Ominami, Harold Mayne-Nicholls, Franco Parisi, Evelyn Matthei, Jose Antonio Kast, Johannes Kaiser.

Face au manque de temps, nous n’aborderons pas en détail tous les candidats et nous nous concentrerons uniquement sur ceux qui obtiennent plus de 5 % des voix dans les sondages. Voici cependant un petit guide pour mieux les comprendre. Dans cette section, j’utiliserai le terme « extrême » uniquement pour les candidats représentant des partis anti-système.

  • Extrême gauche :
  • • Jeannette Jara : Figure politique montante du Parti communiste. Principale candidate de la gauche, elle est soutenue par divers partis politiques, du Parti chrétien-démocrate (centre-gauche) au Parti communiste. Elle est l’actuelle ministre du Travail sous Gabriel Boric. Partisane de régimes comme celui de Fidel Castro.
  • Centre/Centre droit :
  • • Franco Parisi : Chef du Partido de la Gente, un parti fourre-tout qui s’est concentré sur la lutte contre la corruption. Son programme vise à généraliser l’utilisation des technologies modernes au Chili, à encourager l’entrepreneuriat et à moderniser l’appareil d’État. Il est devenu un parti politique de premier plan ces dernières années, notamment dans le nord du Chili.
  • • Evelyn Matthei : Pendant de nombreux mois, la figure politique bien connue de Matthei a dominé les sondages. Membre du parti de centre-droit Renovacio Nacional, elle vient de terminer son mandat de maire de Providencia, une commune aisée de la banlieue de Santiago. Elle se présente comme une version plus modérée de la droite, notamment par rapport à José Antonio Kast et Johannes Kaiser. Elle est soutenue par les partis de droite traditionnelle.
  • Droite conservatrice :
  • • José Antonio Kast : Leader incontesté du Partido Republicano, un parti politique créé en contestation aux partis de droite traditionnelle et qui a connu un succès électoral massif. José Antonio Kast est caractérisé comme conservateur, anti-avortement et anti-immigration. Il est considéré par la presse comme un homme d’extrême droite, et il partage désormais ce titre avec Johannes Kaiser.
  • Libertarien :
  • • Johannes Kaiser : Actuellement député, Johannes Kaiser a quitté le Parti Républicain par suite de vives divergences concernant des propositions de modification de la constitution du pays. Il a fondé le Parti National Libertarien (PNL). Il est le frère d’Axel Kaiser, un universitaire libertarien très connu dans la région qui est conseiller de Javier Milei en Argentine. Il dirige aussi le groupe de réflexion libertarien Fundacio para El Progreso. Johannes Kaiser est décrit comme libertarien, et on le voit souvent utiliser le drapeau de Gadsden et citer des penseurs libertariens. Néanmoins, il a un côté nationaliste, par exemple lorsqu’il propose de créer une armée de libération composée de nombreux pays pour envahir le Venezuela et renverser Maduro.

Idées libertariennes.

Comme mentionné précédemment, de nombreux candidats prônent des propositions d’inspiration libérales. Ce sont, à tout le moins, des idées que les libertariens soutiendraient. Bien sûr, Johannes Kaiser est le fer de lance des idées inspirées par la liberté, mais tous les candidats ont intégré ces principes dans leurs promesses. Kaiser promet, comme point principal, de réduire l’État, de mener la bataille culturelle et de faire du Chili le meilleur pays au monde pour être mère. Voici quelques points importants de son programme.

  • • Économie
  • Dans de nombreux chapitres de son programme de 200 pages, il est fait mention de réductions d’impôts locaux et généraux. Par exemple, il promet de supprimer tous les impôts fonciers. (À titre d’information, José Antonio Kast promet de commencer par supprimer les impôts fonciers sur la résidence principale).
  • Johannes Kaiser promet de réduire l’impôt sur les sociétés au Chili, en passant de 27 % à 12,5 %.
  • 0 % d’impôt sur les revenus réinvestis.
  • Réduction de la taxe à la consommation de 19 % à 15 %.
  • Suppression de la TVA sur les produits alimentaires de base.
  • • Sociétal
  • Suppression du langage inclusif dans tous les programmes scolaires publics.
  • Suppression de toutes les initiatives de discrimination positive.
  • Taille de l’État
  • Suppression de 16 ministères, de 25 à seulement 9.
  • Suppression de 200 000 postes de fonctionnaires (1 % du PIB).

De plus, il a évoqué la réduction des salaires de nombreux hauts fonctionnaires, ainsi que la suppression de certains avantages sociaux à vie dont bénéficient les anciens présidents et qui coûtent des millions de pesos chiliens aux contribuables.

Concernant le Covid, il a constamment dénoncé la vaccination forcée et les violations massives des libertés pendant la pandémie. Il a promis de créer un fonds pour financer les effets secondaires négatifs des vaccins.

D’une manière générale, son programme est axé sur la privatisation, la réduction du champ d’action de l’État et la lutte contre l’idéologie woke. Néanmoins, il mentionne également de nombreuses propositions susceptibles d’alerter les libertariens, notamment en matière de lutte contre la criminalité.

Bien sûr, le plus important est le changement de culture. Lorsque Kaiser a commencé à aborder certains de ces sujets, ils étaient tabous et considérés comme radicaux. La simple suggestion de supprimer des ministères a été tournée en dérision dans les médias grand public et le monde universitaire. Suggérer que la véritable négociation devrait porter sur le montant des baisses d’impôts (plutôt que sur le montant des recettes fiscales) a été jugé absurde. De nombreux soi-disant experts ont suggérés qu’il n’aurait aucune chance d’être compétitif.

Derniers sondages.

Comme en France, il existe de nombreux instituts de sondage. Néanmoins, pour cette analyse, j’utiliserai Criteria, car ils affichent l’une des meilleures fiabilité.

À la question : « Qui aimeriez-vous voir comme prochain président ?», le résultat est le suivant (mis à jour fin septembre 2025).

Source : Criteria 4ta Medicio septiembre 2025. Image is designed by Criteria. Lien

La première analyse indique que le candidat communiste a atteint un pic d’environ 29 %. Parallèlement, les préférences globales des candidats de centre-droit et de droite dépassent largement les 50 %. Cela suggère que le prochain président sera issu de cette cohorte.

Fin septembre, Johannes Kaiser est estimé à 10% dans les sondages. Sa performance est corrélée à celle de José Antonio Kast. Les deux candidats s’adressent à des segments de population similaires. Ils parlent tous deux de réduction de la taille de l’État, de réglementations, de fiscalité et de lutte contre l’idéologie woke.

Si l’élection avait lieu maintenant, les deux candidats qui iraient au second tour seraient Kast et Jeannette Jara, le premier l’emportant largement au second tour.

Il ne serait pas exagéré d’envisager, si Kast remporte la présidence, que Kaiser puisse participer à son gouvernement sous la forme d’un ministère. De plus, la constitution chilienne ne permettant pas une réélection immédiate, Kaiser serait favori pour succèder à Kast en 2030 car il hériterait (du moins en théorie) d’une part importante des soutiens de celui-ci. Bien sûr, à condition que le gouvernement obtienne de bons résultats.

Conclusion.

Les concepts, idées, lois et politiques publiques susceptibles de séduire la majorité des libertariens du monde entier sont devenus de plus en plus courants. L’élection présidentielle de 2025 au Chili en est la preuve. Influencés en grande partie par l’immense succès de Javier Milei, les débats sur un gouvernement restreint, des baisses d’impôts et une réglementation moins stricte sont désormais acceptés.

Comme mentionné précédemment, suite aux résultats dans les sondages du candidat libertarien, de nombreux autres candidats ont dû adopter des idées similaires, car c’est ce que réclame le peuple. C’est un point fondamental, car à long terme, cela démontre que la bataille culturelle menée en coulisses est tout aussi importante. Le candidat libertarien ne gagnera probablement pas les prochaines élections. Toutefois, nombre de ses idées resteront sous les projecteurs politiques, et c’est toujours une victoire pour nous qui soutenons la Liberté.

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